Parole d’un bénéficiaire : sept bonnes raisons pour oser faire une demande de chien guide

Par Christian Coudert, maître chien guide de Orace

En France, on ne compte que 1 500 équipes maîtres / chiens guides (contre 5 000 en Angleterre), pour plus d’un million sept cent mille non et malvoyants dans l’hexagone. Mais pourquoi ? Plusieurs raisons expliquent sans doute ce phénomène : la méconnaissance de ce qu’apporte un chien guide, la peur de ne pas savoir s’en occuper, la crainte des refus d’accès en certains lieux, toutes sortes de préjugés sur le chien… C’est pour tenter de dissiper ces idées reçues que nous souhaitons apporter ici quelques éléments d’information. Si le désir de posséder un chien guide vous taraude mais que vous n’osez pas franchir le pas, les propos qui suivent devraient vous y aider.

 

1. MARCHER DÉCONTRACTÉ

Avouez-le : quand vous sortez en vous aidant d’une canne blanche, ce n’est généralement pas par plaisir, mais par nécessité. En effet, progresser sur un trottoir dans nos rues citadines encombrées de potelets, de vélos, de motos, de voitures mal stationnées, de trottinettes, de poubelles, de panneaux, d’étals de commerçants, de tranchées de travaux, en effectuant le nécessaire mouvement de balayage constant avec la canne blanche selon la technique enseignée par nos instructeurs de locomotion, cela suppose une concentration de tous les instants, sans possibilité de relâcher son attention une seule seconde sous peine de rencontrer un obstacle plus ou moins brutalement ou de chuter dans un trou. Quelle personne circulant avec une canne blanche n’a pas connu une situation de stress durant laquelle il devient impossible d’avancer, par exemple en passant devant des travaux où un marteau-piqueur émet un bruit tel que l’on perd tous ses repères et son orientation ? Quelle personne non ou très malvoyante n’a pas failli, un jour de fatigue ou de grande distraction, chuter dans la fosse du métro ou du train – lorsque l’accident ne s’est pas réellement produit ? Avec un chien guide, rien de tout cela : vous cheminez allègrement, à une bonne allure, sans aucune crainte car votre guide vous évite tous les obstacles. Un véhicule est garé sur le trottoir ? Des échafaudages vous empêchent d’avancer ? Qu’à cela ne tienne : votre chien vous fait comprendre, selon une technique qu’il a apprise, qu’il n’y a d’autre choix que de descendre sur la chaussée. 

Autre situation. Vous vous trouvez sur un quai de métro. Vous pensez que la rame est à quai et donnez l’ordre à votre chien d’avancer. Mais le chien se couche sur le quai… Le message qu’il vous adresse ainsi est la présence du vide. Vous comprenez alors que le métro n’est pas à quai et que si vous avancez vers la voie, vous tombez immédiatement dans la fosse… Avec votre chien guide, vous déambulez sans souci en ville ou à la campagne. La confiance entre vous est telle que vous avancez à pas rapides, tout en profitant de l’environnement, des odeurs et des sons ambiants. Si vous êtes sportif, vous pouvez même courir avec votre chien, ou faire de grandes balades à la campagne ou en ville, dans la plus parfaite décontraction. 

2. AMÉLIORER VOTRE SANTÉ

Vous hésitez à prendre un chien guide à cause de certaines contraintes, notamment le fait de devoir le sortir ? Soit ! Mais songez-y : lorsque vous devez vous rendre à l’extérieur, muni d’une canne, comme nous l’avons dit, c’est le plus souvent par obligation. Grâce aux sorties hygiéniques du chien, vous vous aérez, vous faites de l’exercice, vous combattez la sédentarité qui guette nécessairement toute personne déficiente visuelle. Ce qui apparaissait peut-être au début comme un point négatif devient ainsi une opportunité positive, un moment de détente pour soi-même et pour l’animal.

3. UN VECTEUR SOCIAL

Avec un chien guide, vous entrez facilement en contact avec les personnes qui s’adressent à vous : « Il est beau votre chien ! Quel est son nom ? Puis-je le caresser ? » Un ami me racontait récemment que pendant plusieurs années il a accompagné sa fille à l’école, mais les autres parents ne lui ont jamais adressé la parole. Depuis qu’il a un chien guide, il connaît tous les parents ! 

4. UN COMPAGNON IRREMPLAÇABLE

Beaucoup de personnes déficientes visuelles souffrent de solitude. La compagnie d’un chien nous réconforte, nous rassure et nous dynamise. Le chien contribue largement à nous donner la joie de vivre. En outre, il est tellement proche de nous qu’il ressent toutes nos émotions. Un jour, subitement, j’ai éprouvé un gros « coup de blues », sans manifester extérieurement cet état. Mon chien est alors venu vers moi et a posé sa tête sur mes genoux…

5. LE BROSSAGE, UN MOMENT DE COMPLICITÉ

Vous vous posez des questions sur la perte des poils ? La solution : un brossage régulier. C’est un moment privilégié pendant lequel vous renforcez la complicité entre vous. Le brossage apaise le chien ; pour vous, c’est un bon moyen de le caresser, de l’inspecter (vous pouvez découvrir une petite blessure que vous ignoriez, une grosseur qui n’était pas présente auparavant, ou une tique qui a pénétré dans le corps du chien). Hormis les périodes de chutes de poils importantes (printemps et automne), un à deux brossages par semaine peuvent suffire.

6. LE JEU

Quel plaisir de jouer avec votre chien ! Il adore tirer sur une corde à noeuds, attraper une balle que vous lui lancez. Comme le brossage, le jeu est aussi un excellent moyen de renforcer votre complicité et votre bien-être à chacun. 

7. LES REFUS D’ACCÈS : UNE MEILLEURE INFORMATION
DU PUBLIC FAIT SON CHEMIN

Votre plus grande crainte, le refus d’accès à certains lieux avec votre chien, est de moins en moins fondée. L’Association Nationale des Maîtres de Chiens-Guides d’Aveugles (ANM’ Chiens Guides) a réussi, au fil du temps, à faire évoluer la législation et met tout en oeuvre pour la faire respecter. La Loi est claire : il est fait interdiction de refuser à un maître de chien-guide l’accès à un lieu ouvert au public (magasins, hôtels, restaurants,  transports…) sous peine d’amende. On ne peut pas davantage vous facturer un supplément du fait de la présence du chien. Si vous êtes victime d’un refus d’accès, contactez immédiatement l’ANM’ Chiens Guides qui interviendra aussitôt ; si le règlement amiable du problème n’est pas possible, l’association pourra vous aider à déposer plainte et se portera partie civile. Mais aujourd’hui, les maîtres de chiens-guides s’accordent sur le fait que ce type de conflit est de moins en moins fréquent, la population étant davantage informée sur le chien guide, sur la réglementation et sur le handicap en général. Vous hésitez encore dans votre prise de décision ? Contactez le Centre Paul Corteville et demandez à être reçu pour obtenir toutes les informations sur le chien guide. Vous discuterez avec des éducateurs qui répondront à toutes vos questions. Vous pourrez faire un test de guidage avec un chien en cours d’éducation. 

Alors, n’attendez pas des années avant de faire le choix de l’autonomie !

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